Intégrer l'apprentissage en entreprise sans crainte

Malgré les efforts de communication et les mesures incitatives, rien n’y fait ! L’apprentissage demeure, dans l’esprit des employeurs, une source de désorganisation interne. Erreur ! Il est source d’une inestimable valeur ajoutée pour l’entreprise. Comment s’en assurer ?

#DemarreTaStory. C’est le hashtag inventé par Muriel Pénicaud et ses équipes pour inciter les apprentis à témoigner eux-mêmes de leur expérience et, selon la ministre « casser les codes et les idées reçues ». Si l’on peut douter du choix fait en matière de communication, en revanche les chiffres sont éloquents. Ainsi, selon les études réalisées par le Ministère du travail, 70% des apprentis trouvent un emploi dans les sept mois suivant leur formation. Mieux encore, 75% des entreprises considèrent que le coût de l’apprentissage est compensé par sa valeur ajoutée. Une fois n’est pas coutume, ce sont les petites entreprises qui sont en première ligne pour l’apprentissage. Si seuls 17,2% des entreprises de plus de 250 salariés y ont recours, plus de 55% des TPE (de 0 à 9 salariés) forment des apprentis. Et le profil des apprentis change lui aussi ! Ainsi le nombre de jeunes titulaires d’un Bac+2 et plus s’orientant vers l’apprentissage a augmenté de 5,3%. Néanmoins, ces chiffres ne doivent pas éluder une réalité : pour que l’apprentissage fonctionne, il faut s’en donner les moyens !

Le premier jour

Accueillir un apprenti, ce n’est pas si simple. La principale difficulté, c’est son âge… A peine sorti du collège, ce dernier se retrouve dans un environnement professionnel par nature impressionnant. La journée d’intégration va donc donner le ton. Ne pensez pas que vous puissiez improviser. Si vous souhaitez établir un contact rapide et pertinent avec votre apprenti, commencez par lui faire faire le tour de vos locaux. Pour le rassurer, expliquez-lui quelles missions lui seront progressivement confiées, quelles tâches (mêmes ingrates) lui incomberont pour apprendre progressivement son métier.

La feuille de route

S’intégrer lorsque l’on a une quinzaine d’années, ce n’est pas si simple. Bien souvent, l’arrivée de votre apprenti dans votre entreprise marque ses premiers pas dans un environnement professionnel. Mettez-y les formes ! Pour commencer, évitez de lui présenter tous ses collègues en le plaçant seul face à une équipe constituée. Passez du temps à ses côtés en présentant vos collaborateurs un à un en expliquant à votre apprenti le rôle de chacun et comment il pourra être amené à interagir avec eux.

Une fois ce premier cadre fixé, précisez-lui la façon dont ses missions vont évoluer avec le temps. Le plus simple consiste à fixer une feuille de route sur les trois à dix premières semaines dactivité. Mettez en évidence la façon dont progressivement ses responsabilités vont croître à mesure que ses compétences se développent.

Pour l’impliquer d’avantage, invitez-le à renseigner cette feuille de route en y intégrant ses ressentis, ses difficultés, ses aspirations. Ce document vous aidera à adapter votre management et à entretenir un lien de confiance sur la durée. Ce lien constituera votre principale garantie de tirer la quintessence de cet apprentissage !

Le tutorat

Le Maître d’apprentissage joue un rôle clé dans le dispositif. En tant qu’employeur vous n’êtes pas tenu d’endosser vous-mêmes ce rôle que vous pouvez attribuer à l’un de vos salariés. A la fois formateur, guide, référent pédagogique et administratif, le Maître d’apprentissage ne doit pas prendre sa mission à la légère. On considère qu’un tuteur ou maître d’apprentissage doit consacrer 10% de son temps de travail à guider l’apprenti… Ce tutorat revêt une dimension pédagogique et non managériale ! C’est pourquoi il est souvent judicieux que vous abandonniez cette mission de maître d’apprentissage à l’un de vos collaborateurs chevronnés. Le Maître d’apprentissage doit réunir un certain nombre de prérequis : posséder un diplôme ou un titre relevant du domaine professionnel de l’apprenti, être expérimenté (au moins deux ans dans le domaine de l’apprenti). Un maître d’apprentissage ne peut suivre que deux apprentis et un redoublant au maximum. C’est dire l’importance que revêt cette responsabilité pour laquelle certaines régions octroient même des aides à la formation. L’accompagnement de l’apprenti sur l’ensemble de son cursus représente un coût indéniable en temps et en énergie, mais c’est aussi pour l’entreprise, une perspective de disposer, in fine, d’une main d’œuvre qualifiée, formée sur le terrain avec les méthodes spécifiques de l’entreprise. Le coût devient alors investissement à long terme !