Egalité Homme/Femme : l'inspiration Islandaise

Première nation au monde à imposer (vraiment) l’égalité des salaires entre hommes et femmes, l’Islande n’en est pas à son premier coup d’essai…. Retour sur des décennies de combats menés par les femmes.

En 2017, l’Islande s’est classée pour la neuvième fois en tête du classement mondial établi par le Forum économique mondial concernant l’égalité hommes/femmes. Tout sauf une surprise pour ce petit pays insulaire de 330 000 âmes, régulièrement en première ligne pour défendre le droit des femmes.

A l’entreprise d’en apporter la preuve !

En ce début d’année, les Islandaises sont d’ailleurs encore en haut de l’affiche. La raison ? Une nouvelle loi, entrée en vigueur au 1er janvier 2018, oblige les entreprises de plus de 25 salariés à garantir une parfaite égalité de salaires entre les sexes, sous peine de lourdes sanctions pécuniaires. À l’inverse des précédentes réglementations en la matière, ce sera à l’entreprise de prouver qu’elle est dans les règles, afin d’obtenir une certification. Ce texte couvre aussi les discriminations liées aux origines ethniques, à l’orientation sexuelle ou à la nationalité. On notera que cette loi a été adoptée à l’unanimité au parlement islandais (strictement paritaire lui aussi).

Le Women’s day off, l’acte fondateur

Ce n’est pas la première fois que les Islandaises font parler d’elles en matière de lutte égalitaire. Le premier mouvement de grande ampleur, le « Women’s day off », eut lieu le 24 octobre 1975. Révoltées de ne pouvoir accéder aux postes à responsabilités et d’être payées en moyenne 60 % de moins que les hommes, plus de 90% des femmes du pays se mettent en grève à l’appel des organisations féministes. Elles désertent les entreprises, les usines, mais aussi les cuisines ou les garderies, pour aller défiler dans la rue. Le pays fut paralysé, et les femmes avaient réussi leur coup : prouver au monde entier qu’elles étaient indispensables à l’économie d’un pays. Un acte fondateur qui a changé durablement les consciences.

14h38, toutes dehors !

Mais, malgré son statut de bonne élève, l’Islande n’a pas encore atteint le parfait équilibre (il subsiste encore aujourd’hui une différence de salaires d’environ 15%). Le mouvement continue donc, et les actions se multiplient. La plus retentissante fut sans doute la grève de 2016 : le 24 octobre, une majorité de femmes quittèrent leur travail à 14h38, considérant qu’au-delà de cette heure, elles travaillaient pour rien, comparativement aux hommes. Une initiative qui fut largement médiatisée et reprise dans le monde occidental, un préavis de grève similaire ayant été déposé dans 35 pays.

Ce combat militant porte ses fruits, l’Islande étant aujourd’hui en avance sur de nombreux tableaux en matière d’égalité hommes/femmes : le taux d’emploi des femmes atteint 83 % (61 % seulement en France)[1], elles sont mieux représentées dans les institutions et le congé parental est pris à parts égales entre les deux parents.

3 mandats pour 1 présidente

Vigdís Finnbogadóttir, première présidente à être élue au suffrage universel direct

Finnbogadóttir, alors mère au foyer, défile en 1975 dans les rues de Reykjavik pour protester contre les inégalités hommes/femmes. Cinq ans plus tard, elle est élue présidente par les Islandais, et restera 16 ans et 4 mandats à la tête du pays.