
Idées reçues, méconnaissances, symptômes, tout ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre le syndrome d’épuisement professionnel plus communément appelé « burn-out »
Pour beaucoup, le « burn-out » se résume à une forme de déprime au travail, à un sujet médiatique et à des histoires du type : « Un jour, je n’ai plus pu me lever » ou encore « J’ai craqué en réunion face à mon patron ». En dehors des personnes concernées, bien souvent démunies lorsqu’il s’agit d’expliquer aux autres ce qu’elles traversent, rares sont ceux qui savent ce que le syndrome d’épuisement professionnel (autre nom du burn-out) signifie et ce qu’il engendre. Pour vous y retrouver, mieux le connaître et mieux l’identifier, on fait le point sur les croyances autour du burn-out.
Le burn-out, c’est juste un coup de fatigue : FAUX
Comprendre le burn-out, c’est avant tout savoir ce dont il s’agit et comment il se manifeste. Ici, un retour aux bases et à sa définition s’impose. Selon Wilmar Schaufeli et Dirk Enzmann (1988), c’est
« un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes »[1].
De cette définition et des travaux de chercheurs comme la psychologue Cristina Maslach au début des années 80, apparaît toute la complexité du burn-out qui, bien au-delà d’un coup de fatigue passager, s’insinue et se manifeste à différents niveaux. Des émotions, au physique en passant par les facultés cognitives ou encore le comportement.
Le burn-out est difficilement détectable : FAUX et VRAI
Il existe des manières d’identifier le syndrome d’épuisement professionnel. Pour cela, il faut savoir tout d’abord qu’il possède trois composantes principales : un épuisement chronique, une tendance au cynisme (c’est-à-dire une attitude négative) et un désengagement par rapport au travail. Or, pour que ces manifestations s’installent et co-existent, il faut du temps. Un temps au cours duquel les signaux s’accumulent lentement, progressivement. Pris séparément, l’anxiété, le manque de sommeil, la perte d’attention, l’incapacité à déconnecter, la perte de confiance ou les tensions musculaires par exemple peuvent sembler insignifiants. Mais c’est leur apparition et leur persistance simultanées qui doivent mettre la puce à l’oreille et qui doivent être questionnées grâce aux différents tests d’évaluation du burn-out qui existent comme le MBI (Maslach Burn-out Inventory).
Le burn-out n’est pas une maladie : VRAI (mais plus pour très longtemps ?)
Officiellement, le syndrome d’épuisement professionnel ne figure pas dans le tableau des maladies professionnelles ni dans la Classification Internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé. Mais cela pourrait évoluer. En février 2017, une mission parlementaire dédiée a présenté, devant la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale, 27 propositions parmi lesquelles la reconnaissance du syndrome d’épuisement professionnel en maladie et la création d’une agence nationale de santé psychique au travail, le tout visant à une meilleure prise en charge des personnes atteintes.
Le burn-out touche de plus en plus de monde : VRAI et FAUX
Burn-out, tous concernés ? Si le terme, utilisé pour la première fois en 1974 par le psychiatre américain Freudenberger, ne définit alors l’épuisement au travail que d’un certain type de personnel : les soignants. Dans les années 80, il est présenté comme pouvant concerner les travailleurs de tous domaines. Depuis, l’Institut national de veille sanitaire reconnaissaient 30 000 cas de « burn-out » en France entre 2007 et 2012. En 2014, le bureau Technologia soulignait que 3 millions de personnes pourraient être concernées. Enfin, 36% des personnes interrogées dans le cadre de la grande enquête sur le monde du travail menée par la CFDT début 2017 déclarent avoir fait un burn-out au cours de leur carrière. Parmi tous ces chiffres, difficile de s’y retrouver car, tant que le syndrome n’est pas reconnu en maladie, de véritables études épidémiologiques ne peuvent être menées et apporter un éclairage précis sur l’ampleur du phénomène.
[1] Schaufeli et Enzmann, 1988